Selon un collectif de chercheurs, les pensions du futur système universel en points seront encore plus représentatives des carrières et, donc, de leur disparité.

L’un des arguments des promoteurs du système universel de retraites est qu’il serait plus juste puisque les assurés seront soumis aux mêmes règles, quel que soit leur statut professionnel. D’après le Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), un programme transversal du Conservatoire national des Arts et Métiers (Cnam), le futur système en points va s’avérer, au contraire, plus inégalitaire que celui actuellement en vigueur.

Dans un article publié le 25 février 2020 et cosigné par 15 chercheurs du CEET, il est rappelé que chaque heure travaillée va, dans le système universel, permettre d’acquérir des points de retraite. Au moment du départ de la vie professionnelle, le montant cumulé des points acquis sera multiplié par une valeur de service pour donner le montant annuel de la pension à servir. Ainsi, plus l’assuré aura accumulé de points durant sa carrière et plus sa retraite sera élevée.

Les faibles rémunérations intégrées au calcul des pensions

Le niveau des prestations sera donc étroitement lié au niveau des cotisations. « Dans le système actuel […], le rapport entre carrière et retraite est beaucoup plus lointain », constatent les chercheurs. Aujourd’hui, les pensions de vieillesse sont calculées sur les 25 meilleures années de salaire dans le secteur privé ou sur les six derniers mois de traitement indiciaire dans le secteur privé. Du coup, les faibles rémunérations de début de carrière ne sont pas prises en compte, ce qui ne sera pas le cas dans le système universel.

En outre, des trimestres sont octroyés « gratuitement » (sans contrepartie de versement de cotisations) en cas de maternité, de maladie, d’invalidité ou encore de chômage indemnisé. Tout ceci explique pourquoi le taux de remplacement (la différence entre la pension reçue et le dernier salaire) est inversement proportionnel au montant de la rémunération. Si un ouvrier perçoit en moyenne 70% de son dernier salaire, le taux tombe à moins de 50% pour un cadre. Les inégalités sont, de cette manière, atténuées à la retraite, soulignent les chercheurs.

Les femmes et les carrières ascendantes pénalisées

Dans le futur système, les disparités professionnelles ne seront pas compensées. Les femmes pourraient ainsi être les « grandes perdantes », pour reprendre l’expression du collectif, de la réforme des retraites en préparation. Non seulement elles gagnent en moyenne moins que les hommes, mais leurs carrières sont souvent plus « hachées », notamment à cause des maternités. Certes, la réforme prévoit l’instauration d’un minimum de pension équivalent à 85% du Smic net. Mais pour bénéficier de cette « retraite plancher », il faudra justifier de 43 ans de cotisation.

Les carrières « ascendantes » seront également pénalisées par rapport aux carrière « étales », estiment les chercheurs du CEET. Pour illustrer leur propos, ils prennent l’exemple d’un fonctionnaire qui a débuté en catégorie C (ouvrier) et a grimpé les échelons pour finir en catégorie A (cadre). Actuellement, il perçoit la même retraite qu’un collègue qui a démarré en catégorie A puisque la pension est calculée sur les six derniers mois de traitement. Demain, il pourrait y avoir un écart de retraite important entre les deux fonctionnaires.